L’entretien d’automne : le liège des manches de cannes.

La saison tire à sa fin, les arbres sont rouges, les ratons laveurs se mettent au chaud et les cannes sont prêtes pour un bon entretien annuel.
Avez-vous pensé à desserrer les freins de vos moulinets ? Avez-vous sorti les soies de vos bobines afin de ne pas les retrouver complètement déformées (ah, ce maudit effet de mémoire…) quand il s’agira de les lancer à nouveau au printemps prochain ? Non ? Moi non plus…
En fait, je caresse le doux espoir de pouvoir encore quelques fois fouetter ma soie pour taquiner quelque achigan ou brochet voire même quelque doré (sandre du Québec), histoire de faire croire que l’hiver, ce foutu hiver, sera moins long cette année. Dur de sortir la moucheuse quand il faut viser un trou dans la glace qui ne fait que quelques centimètres de diamètre…

Je ne sais pas pour vous, mais me concernant, les poignées en liège de mes cannes finissent la saison vraiment dégueulasses. Amoncellement de mucus des (nombreuses 🙂 ) prises, mélange aqueux souillé de nos rivières, boue, bref, en général je suis capable de définir clairement où sont positionnés mes doigts par les empreintes crasses qu’ils laissent durant la saison.
La parade existe et est relativement simple et efficace :

  • Je lave le liège de ma canne avec un tissu (ou un essuie-tout) trempé dans une solution d’eau et de javel, relativement concentrée (environ 5-6 bouchons pour un litre d’eau chaude). Ne pas hésiter à insister aux endroits les plus sales. Frotter une bonne dizaine de minutes pour faire revenir le liège à son aspect originel.

Le liège après lavage à l’eau de javel.

Je n’ai pas eu la présence d’esprit de photographier la poignée avant le lavage… Je peux vous assurer que l’empreinte grise de ma main y était imprimée.
Outre le fait que le liège reprenne son aspect d’origine, le lavage lui fait retrouver toute sa douceur au toucher.

  • Après séchage (une ou deux heures), je badigeonne le liège d’huile de lin cuite. Il convient d’y passer plusieurs couches afin que l’huile s’imbibe bien dans le liège. Ne pas hésiter à appliquer une bonne pression du tissu enduit d’huile.
    Espacez les couches d’environ 30mn minimum et essuyez l’huile qui suinte après chaque séance afin de trouver un liège bien sec, prêt à recevoir la prochaine couche.

Après traitement à l’huile de lin cuite.

L’avantage de ce traitement à l’huile de lin est qu’il nourrit et imperméabilise le liège. Cela est tout de même important vu les nombreuses occasions qu’il a de tremper dans l’eau.
C’est un bon traitement préventif contre d’éventuelles moisissures qui ne manquent pas de se loger dans les rides naturelles du bois.
L’huile de lin assombrit légèrement le bois et lui donne une teinte dorée qui n’est pas pour me déplaire. Quand on peut joindre l’utile à l’agréable, c’est encore mieux !

Vous pourrez lire parfois qu’il est bon de mélanger l’huile à de l’essence de térébenthine afin de diluer celle-ci pour qu’elle pénètre mieux le bois. J’ai essayé dans le passé cette recette mais ne le referai pas : une odeur nauséabonde qui émane du mélange, vous suit pendant des mois après application. En outre, je ne trouve pas que l’huile soit mieux absorbée par le bois qu’en appliquant quatre ou cinq couches d’huile seule.
À vous de voir…

9 réflexions sur “L’entretien d’automne : le liège des manches de cannes.

  1. Salut !
    Une petite question : la poignée n’est elle pas grasse par la suite, par grande chaleur ou après plusieurs séjour dans l’eau ? Il existe des sprays qui rendent la poignée waterproof, tu connais ?
    Merci 😉

    • Je n’ai en effet jamais eu de problème avec la poignée quelle que soient les conditions d’utilisation.
      Le liège absorbe très bien l’huile et ne la rejette pas si elle n’est pas mise en excès. Je pense que 3-4 couches sont suffisantes pour le protéger mais assez peu pour que le bois sature.
      Pour ce qui est des sprays non je ne les connais pas mais j’imagine qu’il faut en passer souvent ?
      S’ils ne sont pas chers, pourquoi pas, l’avantage de l’huile de lin est d’être vraiment bon marché.
      Sujet très intéressant à développer ! 😉

      • Merci, je testerais ça d’ici novembre, quand je rangerais les cannes pour l’hiver. Pour le spray, c’est mon ami Julien, Man of the Lake sur le blog, qui, s’étant mis au montage de canne, m’en a parlé. Il l’applique sur le liège de sa poignée, ça le rend en quelque sorte imperméable. Mais vu qu’il ne l’a utilisé que depuis peu, le retour dans le temps n’est pas encore possible. Ce sera par la suite un sujet d’article tient ! 🙂 . Mais l’huile de lin, c’est pas cher et écolo, alors parfait !

  2. L’huile de lin vieillit assez mal dans le temps

    Moi j’ai essayé la graisse que j’utilise pour ma soie naturelle « vaseline  » et bien c’est pas mal non plus sans en mettre de trop c’est bien absorbé ça ne glisse pas et cela donne un belle teinte satinée au liège

    A voir donc !

    A+

    michel

    • Très intéressant !
      Que voulez-vous dire par « vieillit mal » ? Elle provoque une déterioration quelconque ? Il faut refaire le traitement souvent ?
      Je n’ai pas eu d’expérience négative en quelques années avec l’huile de lin cuite, seulement un petit entretien annuel pour renouveler la protection.
      Merci de préciser.
      Cordialement.

  3. Bonjour ,

    Elle à tendance à jaunir c’est pour cette raison que les peintres l’utilise mais avec parcimonie de plus c’est une l’huile spéciale car elle est filtrée, maintenant faut voir si vous dites que vous l’utilisez depuis quelques années sans soucis …

    Bonne journée

    • Ok merci pour les précisions.
      En fait, le fait même de passer l’huile sur le manche assombrit celui-ci et « réchauffe » un peu la teinte, ce qui n’est pas pour me déplaire. Par contre, pour ce qui est des peintres, il me semble qu’elle n’est plus très utilisée, comme toutes les peintures à l’huile pour de multiples raisons, notamment son séchage relativement long et son odeur. Le jaunissement est peut-être rédhibitoire mais je pense qu’un entretien régulier, disons annuel (lavage à l’eau de javel très diluée + huile de lin) devrait résoudre le problème, je n’ai jamais noté une quelconque détérioration pour ma part.
      En outre, cette huile est un produit naturel et non pas un distillat du pétrole comme l’est la vaseline.
      Merci pour les commentaires, discussion très intéressante !

  4. J’utilise de l’huile BALLISTOL allemande qui sert à entretenir mes armes et tous les cuirs existants comme le courroies de fusils et les chaussures de montagne et les bottes en caoutchouc naturel ,c’est souverain pour les crosses de fusils militaires qui sont en finition huilée .

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